C’est en Mésopotamie (qui correspondait plus ou moins à l’Irak d’aujourd’hui) à Tepe Gawra, centre de la culture Ubaid, que le Lapis-Lazuli fit son apparition, avec la Turquoise, l’Améthyste et le Béryl, en 4500 av. J.-C. sous forme de grains que l’on travaillait sur place. C’est là que de 3000 à 2000 av. J.-C. s’épanouit la civilisation sumérienne dont la technologie avancée et la passion pour l’ornement de la personne sont révélées par le trésor constitué d’ors natifs et de gemmes découvert à Ur entre 1922 et 1934 par l’archéologue anglais Sir Leonard Woolley (1880-1960). Les minéraux découverts dans les tombes étaient essentiellement des objets de Lapis-Lazuli, de Cornaline et d’Agate.
LE BERCEAU DE LA MINÉRALOGIE
S’il est vrai que l’Orient a été le berceau des premières civilisations, il est tout aussi vrai qu’il a donné à l’humanité bien plus de pierres précieuses que l’Occident.
Il est donc naturel que les habitants de ces régions - Chine et Inde en particulier - aient été les premiers à enseigner aux autres peuples la valeur des pierres précieuses et les vertus magiques et thérapeutiques qu’ils y associaient eux-mêmes.
LA CHINE
En Chine, ces notions ont été transmises le plus souvent par la tradition orale, car la religion de Confucius a toujours tenté d’éloigner, tout au moins officiellement, tout ouvrage traitant de cette matière.
Le matériau sur lequel nous avons le plus d’informations est le Jade. Les «jades» en Extrême-Orient, et en Chine en particulier, ont été de tous temps les minéraux les plus appréciés car ils étaient chargés de significations symboliques et d’authentique «énergie» cosmique. Le caractère sacré attribué aux Jades fut tel qu’il était supposé leur conférer souveraineté et puissance magique, pouvoirs médicamenteux et traumatologiques, nourriture de l’esprit et faculté d’assurer l’immortalité.
Le matériau utilisé par les Chinois était le Jade néphrite dans ses diverses gammes chromatiques qui vont du blanc pur à jaunâtre, au gris foncé à havane en passant par le jaune verdâtre et le vert foncé profond.
Les plus grands et les plus importants gisements de néphrite du monde ancien se trouvaient dans le Turkestan oriental chinois (Sinkiang), entre les vallées du Yarkand et du Khotan, le long des contreforts septentrionaux de la chaîne du Kuen-Lun.
Dès le Néolithique, les gisements alluvionnaires du Sinkiang fournissaient des cailloux qui pouvaient être travaillés et que l’on destinait à la production artistique chinoise.
Seules les femmes étaient préposées à leur recherche qui baignait dans une atmosphère inhabituelle de sacralisation.
Des ornements de jade de la culture Songze. (4000-3000 av. J.-C.) sont conservés à Pékin, au musée de l’histoire chinoise .
Par contre, dans les civilisations syro-mésopotamienne, égyptienne, égéo-crétoise, grecque, phénicienne, étrusque et romaine, les Jades n’ont été qu’exceptionnellement utilisés dans la joaillerie et la glyptique.
JADE : LA PIERRE ÉTERNELLE
Peu de pierres précieuses sont aussi riches en légendes et en tradition magique et dégagent un tel sentiment de mystère éternel et de finesse impénétrable, une aura d’antiquité et d’opulence qu’évoquent un mot comme celui de jade.
Pour de nombreux peuples Jade et vert sont synonymes ; pour d’autres, Jade évoque immédiatement le passé fabuleux de la mystérieuse Chine impériale.
Les Chinois en effet, dès la préhistoire, travaillaient un matériau qu’ils appelaient yu, celui-là même que nous appelons Jade, de l’ancien mot espagnol «pietra de Hijada», c’est-à-dire pierre des reins car on l’utilisait d’habitude comme amulette et dans le traitement des maladies rénales.
LES LAPIDAIRES
De tout temps l’homme a été, de par nature, attiré par ce qui était beau, rare et mystérieux. Son intérêt pour les pierres précieuses, qui très souvent réunissent ces trois vertus, n’a donc rien de surprenant. Au cours des siècles, la valeur attribuée à ces pierres s’est pourtant modifiée, sous l’influence de facteurs extérieurs. À la rareté et à la beauté sont venues s’ajouter en effet d’autres caractéristiques qui prennent racines dans des disciplines autres que la minéralogie telles l’astrologie et la médecine.
On ne peut dire avec exactitude où, comment et pourquoi naissent et se développent les croyances humaines, mais nous pouvons au moins essayer d’expliquer comment on peut les relier à des objets terrestres par excellence : les pierres.
Les peuples orientaux ont été les premiers à reconnaître les pierres précieuses et à leur attribuer des vertus magiques, vertus qu’il était beaucoup plus facile de trouver dans l’imagination des sages de l’époque que dans les pierres elles-mêmes. Quoi qu’il en soit, ces propriétés restèrent gravées dans l’imaginaire de ces peuples et les notions mystérieuses se transmirent au fil du temps, pour la plupart par la tradition orale, mais également par écrit. On peut considérer le lapidaire comme un essai de regroupement du savoir contenu dans ces divers écrits.
Les lapidaires sont des livres qui traitent des pierres et de leurs multiples propriétés. Selon l’époque où ils ont été rédigés et la nationalité de leur auteur, ils ont des portée, objectif et structuration fort différents. Il suffit de penser que parfois ils ne comptent que quelques pages alors que d’autres fois il s’agit de véritables traités dont le contenu peut relever de la magie, de la science occulte, de la médecine. On a cependant tout lieu de croire que les lapidaires étaient similaires, ou en tout cas proches par leur structure, à des manuels, à des textes de consultation à l’usage de joailliers, d’amateurs ou même de rois et de princes parce que selon la croyance de ces derniers, c’était des pierres précieuses, notamment de celles figurant sur leurs armoiries, que dépendait leur santé, la durée de leur règne et le bonheur de leur peuple. Ces textes ne sont pas apparus dès le début comme des ouvrages bien structurés et définis mais plutôt comme des regroupements de vagues notions, empruntées, pour beaucoup, dans les poèmes de l’Inde et de la Grèce. On ne peut en effet considérer comme des lapidaires les premiers écrits car il s’agit le plus souvent de livres aux sujets très limités. Cependant, avec le temps et l’évolution des civilisations, ces textes ont pris des formes bien définies, à tel point qu’on peut parler aujourd’hui de divers types de lapidaires.
LAPIDAIRES ORIENTAUX
Les lapidaires orientaux, qu’ils soient chinois ou indiens, sont surtout magiques, même si conjointement aux autres vertus intrinsèques de la pierre, ils tiennent compte de sa valeur commerciale, de ses qualités et de ses défauts.
LAPIDAIRES CHINOIS
Les informations sur les gemmes sont éparpillées dans les livres de toutes les époques et de toutes les dynasties du "Céleste Empire". La plupart de ces données concernent les vertus magiques des pierres mais également la naissance, les vertus et la symbolique de chaque minéral.